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Programme Bâtiments, nouveau record


Le Programme Bâtiments publie ses derniers chiffres des subventions de 2022 dans son rapport annuel: le record de l’année dernière est à nouveau dépassé pour les rénovations énergétiques. Aline Tagmann s’occupe du Programme dans la division Efficacité énergétique et énergies renouvelables de l’OFEN. Elle éclaire Energeiaplus sur le sujet.

Mme Tagmann, vous avez rejoint l’équipe du Programme Bâtiments en 2017.

425 millions de francs de subventions ont été versés en 2022. Cela représente à nouveau un record pour la 3e année consécutive. Comment expliquez-vous ce nouveau record?
La dynamique perdure et cela me réjouit beaucoup. À présent, cette tendance est portée par tous les acteurs : la politique, l’industrie, les professionnels et les propriétaires fonciers. Comme d’autres événement dans le passé, c’est aussi en réaction au contexte international.

La crise énergétique, la guerre en Ukraine sont-elles les seules raisons de ce développement ?
Ces éléments sont des accélérateurs qui ont comme effet secondaire un bond en avant sur le chemin déjà entamé. Mais il faut aussi souligner les prescriptions des cantons en matière de remplacement des chaudières. Celles-ci et les subventions sont des facteurs importants, en plus des événements géopolitiques.

Le Programme Bâtiments existe depuis 2010. 3,1 milliards ont été versés sous forme de subventions, plus de 82’000 chauffages ont été changés et ainsi ont permis de réduire la consommation annuelle d’énergie de 3,2 milliards de kilowattheures (kWh) et les émissions annuelles de CO2 de 883’000 tonnes. Les résultats sont-ils au niveau de vos attentes?
Les résultats sont très réjouissants et nous avons bon espoir que la tendance continuera dans ce sens.

Il y a encore cependant quelques domaines dans lesquels le Programme n’est pas assez efficace.

La loi sur le climat et l’innovation, acceptée par le peuple le 18 juin 2023, permettra des impulsions supplémentaires à partir de 2025 dans ces domaines par exemple pour le remplacement des chauffages électriques fixes à résistance ou des chauffages à combustibles fossiles de moyenne et haute puissance et pour l’isolation thermique des bâtiments.

Les montants versés en subvention ne sont pas un objectif en soi. Le nombre de chauffages remplacés oui. Et là il y a encore à faire pour atteindre l’objectif zéro net en 2050.

 

Versements du Programme Bâtiments 2021-2022
Quels versements pour quelles mesures 2021-2022

 

Les projets de chauffage à distance ont été pourvus de 25,9 millions de francs, soit plus du double par rapport à l’année précédente. Comment explique-t-on cette augmentation?
Comme il s’agit de gros projets sur plusieurs années, l’évolution des chauffages à distance (dit centralisés) n’est pas linéaire d’une année à l’autre ce qui explique leur évolution en dents de scie. Mais là aussi la tendance est à la hausse. Cette technologie étant primordiale dans les zones densément bâties.

Quel chauffage renouvelable est-il le plus souvent utilisé?
Les pompes à chaleur restent le choix numéro un dans la majorité des cas.

Comment se passe la collaboration avec les cantons?
Elle se passe très bien. Ils sont des partenaires essentiels puisque c’est eux qui gèrent sur le terrain les demandes et octroient les subventions. Leur contrôle qualité est mené à un haut niveau.

Nous sommes en constant échange que ce soit au niveau stratégique ou pour des questions de mise en œuvre pratique.

Nous travaillons étroitement avec les cantons. Nous répondons aux questions qu’ils peuvent se poser par rapport à la mise en place du Programme. Les échanges sont positifs et constructifs.

Comment l’énergie dans le bâtiment a-t-elle évoluée depuis ces dix dernières années?
Auparavant, on devait « pousser » le Programme et tous les moyens disponibles provenant de la taxe sur le CO2 n’étaient pas utilisés. Avec les années le rythme s’est accéléré par l’impact économique et politique du domaine de l’énergie dans les bâtiments et depuis 2021 les moyens disponibles sont utilisés dans leur totalité.

De nouvelles technologies sont apparues et la Stratégie énergétique 2050 a boosté le changement des chauffages. La répartition des versements pour les différents types de mesure a passablement évolué. Il y a dix ans l’isolation du bâtiment était favorisée, désormais ce sont les installations techniques avec le changement des chauffages et les rénovations globales.

Comment estimez-vous l’évolution du Programme Bâtiments?
Il porte ses fruits et il va être rejoint par le programme d’impulsion (loi sur le climat) dès 2025. Au niveau des législations cantonales, l’intérêt du passage aux énergies renouvelables pour les bâtiments est de plus en plus présent. Le Conseil d’Etat vaudois a présenté la semaine dernière son avant-projet de révision complète de la loi sur l’énergie (LVLEne). Il prévoit notamment la fin des chauffages fossiles pour 2040. Ce sont de grandes avancées inimaginables il y a dix ans.

Que donneriez-vous comme conseil à un propriétaire qui souhaite rénover sa maison?
Avant toute intervention, il faut bien connaitre son bâtiment en particulier sous ses aspects énergétiques, mais aussi avoir une vision à moyen terme de son utilisation ou des fonctionnalités attendues. Nous recommandons de faire venir un expert, p. ex. CECB, qui analysera l’état du bâtiment et de ses composants, et mettra à disposition des propriétaires jusqu’à trois scénarios de rénovation en tenant compte aussi des aspects financiers et des attentes des propriétaires.

Comme cette démarche prend un peu de temps, il est préférable de s’y prendre à temps et de ne pas attendre que le chauffage tombe en panne.

Si la rénovation ne concerne que le chauffage, les conseils incitatifs sont gratuits grâce à Chauffez renouvelable.

Sandrine Klötzli, Communication, Office fédéral de l’énergie
Image: Office fédéral de l’énergie