Motor Summit China 2015


C’est avec plaisir que je partage avec vous l’expérience de mon premier voyage en Chine dans le cadre d’une conférence sur l’efficacité énergétique des entraînements électriques : Motor Summit China 2015. Cette conférence est le résultat d’un effort de longue haleine entre la Suisse et la Chine, où il a finalement été possible de l’organiser dans la ville de Zhenjiang de la province du Jiangsu qui se situe à environ 250 km de Shanghai. Dans le cadre de cette conférence, il a été demandé à des experts internationaux des États-Unis, du Japon, du Danemark et de Suisse de présenter leur savoir-faire et leurs expériences dans le domaine de la réglementation et des mesures volontaires pour l’implémentation et le contrôle des mesures d’efficacité pour les systèmes d’entrainements électriques. Il est vrai que la Chine prend de plus en plus conscience de l’impact de son industrie sur sa consommation énergétique et principalement sur environnement. Il ne leur est plus possible de dire tout va bien, pas de problème, lorsque le smog plane sur les grandes villes dû aux émissions des centrales à charbon. Il a été intéressant de voir durant cette conférence l’engagement des politiques et dans une certaine mesure des industries pour cette thématique de l’efficience. Cependant la tâche qui attend la Chine est immense. Tout d’abord les entraînements électriques dans l’industrie consomment environ 64% de l’électricité produite dans tout le pays (contre 43% en Suisse) et à cela vient encore s’ajouter le retard pris par la Chine dans le domaine de l’efficacité énergétique en lui donnant un handicap (de l’ordre de 20%) en comparaison internationale.

Dans le cadre de la 1ère journée de la conférence en présence de l’Ambassadeur de Suisse en Chine, Monsieur Jean-Jacques de Dardel, les experts internationaux ont présenté une vue d’ensemble de certaines activités pour l’amélioration de l’efficacité des systèmes motorisés et en amenant ainsi des points de discussions et de réflexion, tels : la mise en place d’un programme au niveau global pour l’efficacité des moteurs, le suivi des trends vers les moteurs de plus haute efficience, l’évolution des classes d’efficacité au niveau du marché mondial, ainsi que les politiques de contraintes et d’encouragements. Au vu des nombreuses questions des quelques 250 participants, je peux dire que les présentations ont suscité un intérêt certain, notamment en ce qui concerne les expériences faites et les leçons apprises, ainsi que l’approche système (au lieu d’une approche composants). Cependant, l’intégration d’une approche système, qui prend en compte tous les éléments dès la transformation de courant jusqu’au procédé) me semble encore difficile à implémenter pour l’industrie chinoise. En Suisse, nous avons, par exemple, un réseau de bureaux d’ingénieurs, ainsi que des conseillers en énergie qui aident et soutiennent les entreprises dans leur effort et dans l’implémentation des mesures d’efficacité.

Le 2ème jour de conférence a débuté par la visite d’une cimenterie où des mesures d’efficacité ont pu être mise en œuvre dans le cadre d’un projet pilote. Du fait de la forte activité de la Chine dans le domaine de la construction, les cimenteries sont de gros consommateurs d’énergie. Après la mise en œuvre des mesures d’efficacité, la cimenterie Helin a été en mesure de réduire de 7% sa consommation énergétique par tonne de ciment produit, notamment en investissant dans un système de contrôle et de régulation performant, et remplaçant les vieux moteurs par des neufs ayant une classe d’efficacité nettement supérieure et en les équipant avec des variateurs de vitesses (uniquement pour les systèmes à charges variables). Après cette visite, il m’a été possible d’en apprendre encore un peu plus sur les activités en cours en Chine pour l’amélioration des systèmes d’entrainements électriques grâce aux différentes présentations (en chinois, mais heureusement avec traduction simultanée). Tout d’abord, il a été intéressant d’apprendre, que la Chine a édité à ce jour plus de 240 standards dont une grande partie ont été repris des standards internationaux existants, tels IEC et EN. Cependant, le focus reste principalement sur le remplacement des moteurs et dans certains cas l’ajout de variateur de vitesses. La rénovation des moteurs, afin d’amener les vieux moteurs à une classe d’efficacité supérieurs (grâce au rotor en cuivre coulé en un bloc en remplacement de celui en aluminium), reste également un point centrale. Malgré ses efforts, la Chine accuse toujours un certain retard avec une efficacité moyenne inférieur de 3 à 5% en comparaison internationale.

Outre ces deux jours de conférence, il y a eu la visite du centre de recherche sur les moteurs et les appareils électriques SEARI (Shanghai Electrical Apparatus Research Institute). Là encore l’approche est différente de celle pratiquée aux Etats-Unis et en Europe où la plupart des entreprises ont leur propre centres R&D et ne font appel à des partenaires académiques (EPF, HES) ou des instituts privées que de façon ciblée et ponctuelle. En Chine, c’est différent. Un centre tel que SEARI est responsable du développement des appareils électrique pour le compte de l’industrie et il instruise ensuite les fabricants d’appareils, qui suivent à la lettre ces instructions lors de la phase de fabrication.

A côté des visites et des jours de conférence, j’ai eu l’occasion d’avoir un tout petit aperçu de la culture chinoise, ainsi que de sa cuisine. D’ailleurs à cet effet, madame la maire de Zhenjiang nous a raconté l’histoire des nouilles de sa ville, dont la finesse a été reconnue par l’empereur lui-même, et qui ont la particularité d’être cuisiné dans un bouillon avec un couvercle en bois qui donne ensuite un goût très particulier (un goût de fumé). A part ça, j’ai été très surpris par leurs infrastructures ferroviaires avec leurs trains rapides (300 km/h), ainsi que de l’intérêt que portent les chinois pour la Suisse.

Après cette courte visite, je vois effectivement que le savoir-faire que nous avons acquis en Suisse tout au long des dernières décennies dans le domaine de l’efficience des entraînements électriques peut effectivement apporter beaucoup à l’industrie chinoise. Par contre, ce qui m’a frappé, ce que l’aspect formation et formation continue n’a pratiquement pas été abordé, bien que ce soit un des facteurs clés de succès. Pour terminer, je voudrais encore dire que ça a été une expérience très intéressante sur le plan professionnel et personnel. C’est toujours très enrichissant de se trouver face à une autre culture en acceptant ses différences. J’ai par exemple trouvé le rituel lors du dîner avec les autorités de Zhenjiang très amusant, surtout lorsque tout le monde s’est levé pour faire « santé » à la fin du repas et qu’ensuite ils sont tous parti en moins de deux minutes, alors que je pensais que nous allions encore manger le dessert et boire le café. J’ai donc vite compris qu’en Chine on mange rarement un dessert après le repas et qu’il n’y a pas de café non plus. J’ai également été frappé par leur efficacité dès qu’ils savent ce qu’ils doivent faire, là ils sont même plus rapides que nous.

Richard Phillips, section Appareils et appels d’offres publics

 

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