La diplomatie au service de l’énergie
Guillaume Cassaigneau dirige la section des Affaires Internationales de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) suite au départ en retraite de Jean-Christophe Füeg. A 39 ans, ce n’est pas son premier passage à l’OFEN. La manière dont il aborde ce nouveau défi, son parcours et ses motivations pour les prochaines années, c’est ce qu’Energeiaplus voulait savoir de lui.
Energeiaplus: L’OFEN ne vous est pas étranger?
Guillaume Cassaigneau: Oui en effet, j’ai travaillé dans cette même section de 2013 à 2016 dans le cadre de mon premier poste diplomatique, à la suite de ma formation diplomatique à Bakou, Azerbaïdjan. J’étais conseillé diplomatique du Directeur qui a précédé Benoit Revaz, Walter Steinmann.
(voir article Energeiaplus: Fünf Fragen an Guillaume Cassaigneau – Octobre 2015)
Je suis désormais responsable de la politique énergétique extérieure et à ce titre je travaille étroitement avec les différentes entités de l’Administration fédérale, entre autres le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO),
l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE), l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et le réseau extérieur des ambassades étrangères. Je conseille le directeur de l’OFEN et le Conseiller fédéral en charge du Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) dans tous les sujets internationaux concernant l’énergie.
Le programme est très vaste, pourquoi êtes-vous (re)venu à l’OFEN?
Depuis mon départ en 2016, mes vies professionnelles et privées ont évolué, j’ai acquis encore plus d’expérience à l’étranger sur des projets de développements ainsi que dans la diplomatie multilatérale et dans la gestion des ressources humaines. J’ai été responsable du recrutement et de la formation des diplomates au DFAE et j’ai également travaillé en dehors de l’Administration fédérale dans l’association faitière des négociants de matières premières sur les questions de responsabilité d’entreprises.
Economiste de formation, la géopolitique m’a toujours passionnée et le domaine de l’énergie permet de réunir ces deux matières.
Un bon diplomate est un bon négociateur, est-ce que l’énergie cela se négocie bien?
Cela se négocie très bien, mais les négociations ne sont pas toujours les plus simples. La Suisse, de par sa position géographique et son absence de matières premières, est dépendante de l’étranger pour son approvisionnement énergétique. Cette interdépendance rend les négociations énergétiques nécessaires et également variées.
Un bon négociateur parle combien de langues? Le russe? le chinois? Combien de langues parlez-vous?
Activement quatre et le suisse allemand. A côté du français qui est ma langue maternelle, l’anglais, l’allemand, l’italien et l’espagnol. Je connais deux expressions chinoises mais j’ai été plus exposé au russe suite à mon séjour en Azerbaïdjan lors de ma formation diplomatique.
Même si la Chine et la Russie sont des acteurs incontournables sur la scène de l’énergie, la connaissance de ces langues n’est pas indispensable car ces pays préfèrent travailler et négocier avec des interprètes de confiance.
Votre position va vous amener à beaucoup voyager. Quel est votre meilleur souvenir en voyage?
Un voyage qui n’était pas d’affaires mais que j’ai effectué lorsque j’étais en poste en Azerbaïdjan. J’ai eu la chance de traverser l’Iran en voiture, en entrant par le poste frontière d’Astara en passant par la ville sainte de Qom, la capitale Téhéran, la ville désertique de Yazd ou encore Ispahan. J’ai eu un contact direct avec la population, j’ai été invité à visiter le fameux mausolée de Qom, et j’en garde un souvenir impérissable.
Et le pire?
En Asie de l’Est, à Taiwan et Hong Kong. Les températures et l’humidité étaient extrêmes. Notre délégation était enfermée toute la journée dans des salles sur-refroidis pour les différentes réunions. Les différences de température étaient difficiles à gérer tout en devant gérer la délégation Suisse d’une quinzaine de personnes.
Quel est votre rôle dans l’objectif zéro émissions de CO2 de l’OFEN?
Atteindre cet objectif demande aussi des négociations importantes de la part de la Suisse et des échanges d’expériences. Je serais chargé de diriger les négociations avec l’Union Européenne pour l’accord sur l’électricité. Les discussions porteront aussi sur l’intégration du marché électrique et la décarbonisation du parc électrique européen. Mon rôle est également de contribuer aux travaux de l’Office sur l’hydrogène, particulièrement pour que la Suisse figure dans la future infrastructure européenne.
Quel est le plus gros enjeu à venir pour la politique énergétique internationale ?
Avec les technologies récentes ou d’avenir, des besoins de nouvelles matières premières sont apparus. Leur réserve n’était pas encore prétendues critiques. On parle des „minerais critiques“ („critical minerals“).
Ces éléments sont à la base des métaux qui composent par exemple les batteries, les semi-conducteurs, les éoliennes, les véhicules hybrides ou encore les réseaux électriques. Ces matières premières représentent un enjeu important pour la transition énergétique.
L’acquisition de l’eau également et sa gestion. Dans le domaine de l’énergie, si nous n’avons pas assez d’eau, outre la réduction de production d’hydroélectricité, cela empêche par exemple le transport des matières premières sur le Rhin. L’eau est aussi cruciale pour le refroidissement de nos centrales nucléaires et dans un futur immédiat pour le nettoyage des panneaux solaires qui est nécessaire pour optimiser leur rendement.
Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?
Si je ne devais citer qu’un objectif, je dirais la potentielle reprise des négociations de l’Accord sur l’électricité avec l’Union Européenne.
Sandrine Klötzli, Communication, Office fédéral de l’énergie
Photo:BFE
Neuste Kommentare