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Des longs voyages en voiture électrique ?


L’été approche à grand pas. Les vacances sont certainement déjà réservées ou des idées sont en tête. Pour les propriétaires de véhicules électriques, il est peut-être de planifier le premier grand voyage ou un nouveau déplacement. C’est justement au niveau de la planification que certaines nouvelles habitudes sont à prendre en voiture électrique. Même si le réseau de recharge s’améliore très rapidement en Europe, il est recommandable de prévoir son itinéraire selon ses nécessités avec les outils disponibles. La bornes de recharge n’étant pas encore toujours aussi faciles d’accès que les stations essence.

En faisant une pause toute les deux à trois heures, cela laisse le temps de recharger la voiture quelques dizaines de minutes à une borne rapide et de se dégourdir, pour ensuite mieux retourner sur la route. Lorsque l’on part, il est aussi important de penser à son câble de recharge, qui doit rester atteignable. Evitez de le placer sous les bagages, et si vous emmenez votre chargeur 230V, pensez à prendre un adaptateur du pays avec vous. Dans tous les cas, une carte de roaming permettant d’activer la majorité des stations de recharge nationales et internationales est fortement recommandée. Le TCS propose ici une liste d’informations très précieuses pour les automobilistes selon les pays. Voyager en voiture électrique demande donc encore un peu de préparation et de souplesse.

A l’OFEN, nous avons de nombreux collaborateurs qui se déplacent régulièrement avec un véhicule électrique et partent pour de longs voyages. Ils ont accepté de partager leurs astuces avec nos lecteurs.

Peter Raible, Spécialiste juridique Énergie nucléaire/centrales de réserve/centrales hydroélectriques bi-nationale

Voiture (taille batterie):
VW ID.3, 58,0 kWh

Voyage:
Suisse – Cap Nord (Norvège) et retour (10’000 Km).

Comment avez-vous choisi ce voyage en voiture électrique?
La Norvège est un pays merveilleux pour un road trip prolongé. Les forêts, les montagnes, les fjords et les endroits isolés en pleine nature sont partout desservis par des routes de bonne qualité. La Norvège dispose de l’un des réseaux de recharge les plus développés au monde. Même à 30 km du Cap Nord, vous trouverez 4 superchargeurs Tesla accessibles à tous les véhicules.

Qu’avez-vous entrepris comme planification avant de partir?
Toutes les ID.3 de VW ne disposent pas encore d’un logiciel sophistiqué de planification des arrêts de charge. Les mises à jour correspondantes ne seront disponibles qu’à partir de fin mai 2023. C’est pourquoi je suis passé à l’application „A Better Routeplaner“, qui peut également être connectée (moyennant paiement) au système embarqué (Apple CarPlay / Android Auto). Cela permet de bien planifier les arrêts de recharge. J’ai pris un abonnement chez VW (WE Charge Plus), avec l’espoir d’obtenir des conditions de charge rapide plus avantageuses (We Charge | Digitale Dienste | Volkswagen Schweiz). Ionity est très bon marché, mais vous devez toujours vous rendre aux stations Ionity. Celles-ci sont très populaires et connaissent le plus souvent des embouteillages de charge à des points névralgiques, par exemple lors du passage de la frontière danoise. Vous perdez trop de flexibilité si vous ne voulez que vous rendre chez Ionity. C’est pourquoi, à mon avis, un abonnement ne vaut pas la peine. De plus, les tarifs sont si peu clairs et transparents qu’il est trop difficile de choisir une station de recharge en fonction des prix. J’ai planifié au jour le jour. En Norvège, je n’ai pas planifié du tout. Sur les routes, on roule lentement (généralement à 80 km/h) et on a donc suffisamment d’autonomie sur une journée avec l’ID.3 pour ne devoir recharger qu’une seule fois.

Votre planification s’est-elle confirmée durant le voyage?
Oui. Avec un peu d’expérience, il n’est guère nécessaire de planifier davantage, surtout en Norvège.

Quels ont été les défis durant le voyage?
Il s’agit plus d’une question mentale de crainte de ne pas avoir assez d’autonomie, de ne pas trouver de station de recharge ou de ne pas être sûr que la station vers laquelle on se dirige fonctionne. 99% des stations ont fonctionné sans problème. Cependant, il faut parfois s’armer de patience et il faut dans tous les cas disposer d’un téléphone portable avec option de données. Parfois, il faut une application pour charger. Il n’est pas toujours possible d’utiliser uniquement une carte de crédit.

Votre plus gros moment de doute avec votre voiture électrique?
J’ai parfois manqué d’autonomie parce que je roulais trop vite. Réduire la vitesse, se détendre. Cela fonctionne toujours d’une manière ou d’une autre.

Vos 3 indispensables pour partir en road trip électrique:

  • Application de planification d’itinéraire, si elle n’est pas encore au point à bord.
  • Téléphone portable avec option de données (attention au roaming)
  • Carte de crédit
  • Soyez patient et gardez la tête froide. Il y a toujours une solution.

Daniel Schaller, Spécialiste Efficacité énergétique des transports

Voiture (taille batterie):
Opel Corsa-e, 45 kWh utiles (50kWh bruts)

Daniel Schaller/OFE

Voyage:
Suisse – Luxembourg – Pays-Bas – Belgique – Nord de la France (3’500km), et bientôt les Balkans!

Comment avez-vous choisi ce voyage en voiture électrique?
Avec la simple envie de faire un road trip estival en cabotant de villes en villages, en passant par la plage! Et comme échauffement avant notre voyage de cet été à travers la Roumanie, Bulgarie, Macédoine du Nord et Albanie.

Qu’avez-vous entrepris comme planification avant de partir ?
Nous avons planifié nos étapes avec „A Better Routeplaner“ (ABRP), un excellent planificateur d’itinéraire pour voiture électrique disponible en grande partie gratuitement sur Smartphone et PC. En plus de ce que sait faire google maps, ce genre d’App connait le type de voiture utilisé et l’état de charge de la batterie. Ce qui lui permet de proposer automatiquement les arrêts de recharge le long du parcours, sans devoir se poser la question de l’emplacement des bornes de recharge rapide – l’App vous y amènera automatiquement ! Prévoyez aussi l’acquisition d’une bonne carte de roaming permettant d’activer les bornes en Suisse et à l’étranger – un «must». De notre côté, nous avons utilisé le plus souvent mobility+ d’EnBW. Pour cet été dans le Balkans, nous emporterons en plus un «Juice Booster», qui en cas de coup dur permet de charger jusqu’à 11kW en demandant à un commerce, garage ou fabrique de nous prêter sa prise industrielle. Servira de tranquillisant, dont nous n’aurons certainement pas besoin, car même en Roumanie et Bulgarie, les réseaux de recharge sont étonnamment bien développés!

Votre planification s’est-elle confirmée durant le voyage?
Tout s’est passé sans anicroche. Les bornes étaient parfaitement fonctionnelles et disponibles.

Quels ont été les défis durant le voyage?
De ramener en Suisse notre Gouda de la fromagerie hollandaise avant qu’il ne fonde dans le coffre! Sinon, rien.

Votre plus gros moment de doute avec votre voiture électrique?
Au retour depuis Bruxelles, peut-être la traversée des Ardennes jusqu’en France, où le réseau de recharge était moins fourni. Si une borne n’avait pas fonctionné, il n’y aurait eu que peu de plan B… Mais dans cette région aussi, les réseaux se développent rapidement !

Vos 3 indispensables pour partir en road trip électrique:

  • Installation d’un planificateur d’itinéraire sur Smartphone pour voiture électrique (je recommande ABRP)
  • Si possible 2 ou 3 cartes de Roaming permettant d’activer près d’un demi-million de points de charge distribués à travers la Suisse et l’Europe. Mobility+ et la carte Shell sont particulièrement efficaces.
  • Sur l’autoroute, rouler souple et pas besoin de toujours climatiser à 18°C – c’est mieux pour l’environnement, le porte-monnaie et l’autonomie!

Patrick Kutschera, Responsable de SuisseEnergie et père de famille

Voiture (taille batterie):
Tesla Modèle Y, 77 kWh

Voyage:
Sud de la France (et Groningen/Pays-Bas)

Comment avez-vous choisi ce voyage en voiture électrique?
Nous sommes 4 adultes et nous voulions tester la capacité de notre véhicule électrique à effectuer de longs voyages. Une fois dans le sud et une fois dans le nord. Lors de notre premier voyage dans le sud de la France, la voiture n’avait que 3 semaines et nous étions donc des débutants.

Qu’avez-vous entrepris comme planification avant de partir?
En fait, rien du tout, si ce n’est que nous avons vérifié s’il était possible de charger la voiture à l’hôtel.

Votre planification s’est-elle confirmée durant le voyage ?
La voiture s’est chargée elle-même de planifier l’itinéraire et le chargement. Nous nous sommes simplement fiés à la technologie.

Quels ont été les défis durant le voyage?
Sur le chemin vers notre destination, nos petites envies pressantes sont arrivées plus rapidement que la batterie ne s’est vidée, et lors de la recharge aux superchargeurs, notre passage au petit coin a été plus lent que la batterie ne s’est remplie à nouveau. Bien sûr, nous avons aussi mangé et bu quelque chose. Lors d’un arrêt, il y avait même une piscine. Mais nous n’avons pas eu le temps d’en profiter.

Votre plus gros moment de doute avec votre voiture électrique?
Dans le sud de la France, les stations de recharge publiques lentes, qui étaient nombreuses, étaient régulièrement occupées par des voitures thermiques. Même à l’hôtel. Nous devions régulièrement nous battre pour obtenir une place à la réception. L’avantage, c’est que nous pouvions charger pendant la nuit et que nous n’avions jamais besoin de nous rendre à une station-service pendant la journée. Contrairement aux pays plus septentrionaux comme l’Allemagne ou les Pays-Bas.

Vos 3 indispensables pour partir en road trip électrique:

  • Se détendre, car la recharge est toujours possible en cas de besoin
  • Si l’on tient compte des arrêts de charge, on peut arriver à destination plus vite à 120 km/h qu’à 160 km/h (en Allemagne uniquement, bien sûr).
  • N’oubliez pas qu’en dessous de 50 km/h, vous n’entendez pas le VE aussi bien qu’un véhicule thermique.

Fabien Lüthi, communication Office fédéral de l’énergie
Images: Peter Raible. Daniel Schaller, OFEN