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Au service du public et dans l’esprit de l’économie circulaire


Les trois grands fournisseurs de services publics que sont les Chemins de fer fédéraux (CFF), la Poste Suisse et Swisscom s’engagent en faveur de l’économie circulaire. Acteurs de poids responsables, ils profitent de leur large ancrage pour envoyer des signaux fort au travers d’initiatives et de mesures efficaces. Avec leurs offres circulaires, ils donnent en outre à la population suisse la possibilité de s’engager elle-même en faveur de l’économie circulaire.

Réutiliser plutôt que jeter, économie circulaire plutôt qu’économie linéaire, vision à long terme plutôt que vision à court terme : l’économie circulaire a de nombreuses facettes. Mais le principe est toujours le même. En effet, fermer le cycle des matériaux et des produits permet de conjuguer une utilisation optimale et une durée de vie maximale des matières premières. L’objectif est toujours le même : diminuer la consommation d’énergie et réduire au maximum la quantité de déchets générés. La théorie est limpide, mais qu’en est-il de la pratique ? Les CFF, la Poste et Swisscom livrent à cet égard des exemples concrets fort éclairants.

Installation de reconditionnement des rails
Les CFF gèrent l’un des plus grands stocks de matériel en Suisse, d’un volume de plus de 77 millions de tonnes. « Notre responsabilité est à la hauteur de tels volumes, c’est pourquoi nous repensons peu à peu nos habitudes d’approvisionnement et d’utilisation », explique Heike Kiefer, co-responsable du centre de compétences des CFF consacré à l’économie circulaire. Ainsi, les CFF tablent notamment sur le reconditionnement des installations ferroviaires afin de réduire au maximum leurs besoins en matériaux. À l’issue de leur démontage sur le réseau, les composants de la technique ferroviaire (rails, signaux, relais, etc.) sont reconditionnés au Centre de technique ferroviaire (CTF) des CFF à Hägendorf. Ce centre exploite l’une des installations de reconditionnement de rails des plus modernes d’Europe, où ces derniers subissent des opérations de redressage, de reprofilage, de contrôle par ultrasons et de soudage. Cette installation innovante se distingue par une manutention efficace et une technique de dressage et de contrôle ultraprécise. Il faut aux CFF entre 800 et 1100 km de rails par an. Chaque année en moyenne, l’entreprise utilise sur son réseau ferroviaire près de 75 km de rails reconditionnés, ce qui représente une économie de 5800 tonnes d’émissions de CO2.

Prêt pour le reconditionnement : matériel d’infrastructure au Centre de technique ferroviaire des CFF de Hägendorf

Concept de seconde vie pour les batteries
La Poste exploite une gigantesque flotte de véhicules pour la distribution des lettres et des colis. Renato Ercolani, responsable du parc des véhicules de distribution chez Services logistiques, présente la situation ainsi : « Avec notre flotte de scooters 100 % électriques, nous envoyons un signal fort en faveur de la mobilité verte. » Actuellement, pas moins de 6000 scooters du fabricant suisse Kyburz roulent à l’électricité verte en Suisse. Un scooter électrique consomme six fois moins d’énergie qu’un scooter à essence et permet d’économiser 733 kg de CO2 par an. « Un concept de mobilité électrique respectueux de l’environnement doit également s’inscrire dans une gestion raisonnée des batteries usagées », précise Renato Ercolani. C’est ce qui a poussé la Poste à conclure un accord avec Kyburz. Au bout de huit à neuf ans, le fabricant reprend les véhicules mis au rebut par la Poste. Les batteries commencent alors leur seconde vie. Celles dont la capacité de stockage est encore élevée sont installées dans des véhicules d’occasion. Quant aux batteries de faible capacité, elles sont raccordées entre elles pour servir d’accumulateur d’électricité stationnaire destiné le plus souvent au stockage de courant solaire. Parfois, les batteries équipent dans un premier temps des véhicules reconditionnés, avant de terminer leur course dans un accumulateur d’électricité. Au terme de leur cycle de vie, lorsque la capacité de stockage n’est plus suffisante pour les applications de seconde vie, les batteries sont désassemblées. Un processus de recyclage innovant à base d’eau mis au point par Kyburz permet de récupérer 91 % de tous les matériaux.

Stratégie de démantèlement du réseau en trois volets
Swisscom installe régulièrement de nouveaux réseaux plus performants et démantèle, en contrepartie, l’ancienne infrastructure. L’entreprise poursuit ainsi une stratégie en trois volets visant à éviter les pertes de matériaux recyclables et à générer le moins de déchets possible : dans l’idéal, les composants démantelés sont réemployés tels quels (reusing), en général comme pièces de rechange. Si Swisscom n’en a pas besoin, le matériel démantelé est vendu à d’autres fournisseurs d’accès sous la forme de système complet ou de composants individuels (reselling). Les éléments démantelés qui ne trouvent aucune utilisation ni chez Swisscom ni chez d’autres fournisseurs sont recyclés, le plus souvent en Suisse. Swisscom a démantelé de grandes quantités de matériel, en particulier à la suite de la migration de la technologie de réseau fixe traditionnelle vers l’IP (Internet Protocol). En 2021, par exemple, pas moins de 1370 tonnes de fer ont été démontées, recyclées et réintroduites dans le cycle des matériaux.

Offres circulaires destinées à la clientèle
Outre les mesures visant à refermer leurs propres cycles de matières, les trois entreprises de service public proposent également à leur clientèle de l’aider à fermer ses propres cycles. À titre d’exemple, les CFF ont introduit le système de gobelets réutilisables kooky dans les gares de Zurich, Berne et Bâle. Une solution dont le déploiement devrait prochainement s’étendre à une vingtaine d’autres gares en Suisse. Autre exemple des CFF : ces derniers vendent des sacs et sacs à dos fabriqués à partir de matériaux de récupération (par exemple, des bâches). Un élargissement de l’offre d’upcycling, composée de produits actuellement fabriqués exclusivement par CFF Anyway, le programme de réinsertion sociale des CFF, est attendu à moyen terme. La Poste propose à ses clientes et clients de déposer dans leurs boîtes aux lettres leurs objets à recycler (capsules de café de Nespresso, bouteilles en PET ou appareils électroniques de Swisscom et Sunrise) : les facteurs et factrices les récupèrent lors de leur tournée de distribution dans des sacs ou des caisses spécialement prévus à cet effet. L’avantage est que ce service ne nécessite pas de tournée supplémentaire. Swisscom propose à sa clientèle toute une panoplie d’offres visant à prolonger la durée de vie des téléphones portables et à donner une seconde vie à ceux qui ont été mis au rebut, mais qui sont encore en état de marche. Swisscom exploite ainsi dix Repair Centers, où les téléphones mobiles endommagés sont réparés directement sur place. Par ailleurs, l’entreprise a mis en place le programme Buyback qui consiste à racheter les téléphones portables usagés et à les revendre après en avoir effacé les données.

Forts de leurs mesures et de leurs offres visant à fermer à la fois leurs propres cycles de matériaux et ceux de leur clientèle respective, les CFF, la Poste et Swisscom s’affirment bel et bien comme des précurseurs de l’économie circulaire en Suisse. Actrices de l’initiative Exemplarité Énergie et Climat de la Confédération, les trois entreprises signent un grand nombre d’accomplissements sur le front de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables et des flux financiers respectueux du climat. Au travers de leurs initiatives, elles contribuent aussi au passage de l’économie linéaire à l’économie circulaire en Suisse.

Julia Gremminger, Communication Exemplarité Energie et Climat, Polarstern
Photos : Chemins de fer fédéraux suisses CFF SA, Swisscom (Suisse) SA

Exemplarité Énergie et Climat
Dans le cadre de l’initiative de la Confédération Exemplarité Énergie et Climat, 18 importants fournisseurs suisses de services d’intérêt public apportent leur contribution à la Stratégie énergétique 2050 et à la réalisation des objectifs de l’accord de Paris sur le climat de 2015. L’accent est porté sur l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et, depuis peu, sur les flux financiers respectueux du climat.

Dans le champ d’action intersectoriel Énergie et Climat, les acteurs poursuivent des objectifs individuels jusqu’en 2026 ou 2030 en matière d’efficacité énergétique, de production d’électricité écologique, de chaleur et de froid renouvelables ainsi que de carburants renouvelables. La part d’électricité renouvelable doit représenter 100 % pour tous au plus tard en 2026.

Dans le champ d’action Flux financiers respectueux du climat, les acteurs se fixent des objectifs pour leurs placements afin de rendre les investissements compatibles avec les objectifs de l’accord de Paris sur le climat. Pour ce faire, les caisses de pension et les assurances participantes exigent par exemple un comportement respectueux du climat des entreprises dans lesquelles elles investissent. De plus, elles réduisent continuellement les émissions de gaz à effet de serre des biens immobiliers qu’elles détiennent directement dans leur portefeuille.

Les acteurs communiquent de manière transparente sur l’atteinte de leurs objectifs et partagent leurs expériences afin que d’autres entreprises et organisations puissent en suivre l’exemple.

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