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Où en sont les villes dans leur transition énergétique? (partie 2)


„Villes fortes“ est le slogan du Congrès des services publics 2022 à Aarau. Dans quelle mesure les villes se présentent-elles comme fortes dans le domaine de l’énergie? Quelles solutions adoptent-elles pour la protection du climat et pour un système énergétique durable? Où se situent-elles sur la voie de l’objectif zéro net en 2050? Energeiaplus a posé la question à sept villes suisses. Les quatre premières se trouvent dans la première partie de cet article et voici les trois suivantes francophones et italophones. Conclusion: les villes sont très actives dans le domaine des énergies renouvelables, des systèmes de chauffage alternatifs ou de la mobilité électrique.

Neutralité climatique

Face à l’urgence climatique, la Ville de Genève s’est particulièrement mobilisée afin d’atteindre deux objectifs ambitieux: réduire de 60% les émissions de gaz à effet de serre de son territoire et de son administration d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. En février 2022, elle a adopté sa stratégie climat qui comprend un axe spécifique sur l’énergie et les bâtiments décliné en 10 mesures concrètes. Parmi lesquelles: Elaborer un Plan directeur de l’énergie; Planifier les infrastructures thermiques de distribution de la chaleur et du froid renouvelables en partenariat avec le Canton et les Services Industriels de Genève; Renforcer le développement du solaire photovoltaïque sur les constructions existantes; Mettre en place « Genève-Rénove », un programme destiné aux propriétaires privés afin de faciliter les démarches de rénovation des bâtiments, en collaboration avec les Services Industriels de Genève et le Canton.

Étant donné que la Stratégie énergétique 2050 de la Ville de Lugano est encore en cours de définition, la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables sur le territoire municipal se fait principalement par Aziende Industriali di Lugano (AIL SA) dont la ville est propriétaire à 100%. Ces derniers proposent des produits renouvelables et écologiques pour l’approvisionnement en électricité et en gaz; l’électricité fournie aux ménages est déjà 100% renouvelable. Au fil des ans, AIL SA a également développé des réseaux de chauffage urbain et élargi sa gamme de services. Par exemple, il est également possible pour les non-propriétaires d’acheter une part des systèmes photovoltaïques collectifs à grande échelle, tandis que les propriétaires peuvent équiper leurs maisons de systèmes de chauffage photovoltaïques ou à pompe à chaleur et en différer le paiement par le biais du crédit-bail.

 Du côté du Valais, la Ville de Sion doit réaliser un bilan de ses émissions. Lorsque les résultats seront connus, les objectifs seront définis et des actions seront lancées. Un suivi sera mis en place afin de pouvoir effectuer des ajustements là où cela sera nécessaire. Cité de l’énergie depuis 2009, la Ville de Sion souhaite continuer de favoriser l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Pour ce faire, la Ville dispose d’un programme de subventions énergétiques qui soutient diverses actions permettant notamment de diminuer sa consommation énergétique, de produire de l’énergie renouvelable.

 

Chauffage

La Ville de Sion construit actuellement un chauffage à distance alimenté par l’usine d’incinération des déchets. Ce projet qui a pour particularité de devoir traverser le Rhône en passant par-dessous doit pouvoir alimenter l’équivalent de 10’000 ménages. Une partie du réseau, dont celle qui alimentera l’Hôpital de Sion, entrera en service cette année et la totalité du réseau devrait être disponible en 2025. La ville a également plusieurs projets qui visent à mieux connaitre les ressources disponibles sur son territoire par exemple un monitoring de la nappe phréatique.

A Lugano, AIL SA a mis en place un certain nombre de réseaux de chauffage urbain, alimentés par des sources d’énergies renouvelables ou par la chaleur résiduelle, qui fournissent de la chaleur aux bâtiments publics et privés. Dans la même direction, plusieurs autres réseaux sont actuellement étudiés et planifiés, alimentés par exemple par la combustion de copeaux de bois provenant des forêts locales ou par l’exploitation de la disponibilité thermique du lac de Lugano. En 2019, la ville de Lugano a approuvé le standard de construction 2019 de l’association Cité de l’énergie: le standard pour les nouveaux bâtiments municipaux est donc Minergie-A/-P. En plus des ces critères, les toits verts et la récupération de l’eau de pluie pour l’irrigation ont également été introduits.

 Du côté de Genève, la ville s’est engagée dès 2006, selon sa stratégie «100% renouvelable en 2050», pour se libérer progressivement des énergies fossiles pour les besoins en chaleur de ses bâtiments. Elle a déjà réalisé la transition énergétique d’une centaine de ses bâtiments (sur les 800 dont elle est propriétaire) selon des standards de haute ou très haute performance énergétique. En moins de 20 ans, la Ville a également quasiment supprimé sa dépendance au mazout, alors qu’elle était de 73% en 2006. En appui à sa stratégie climatique municipale, la Ville de Genève vient de déposer la plus importante demande de crédit de son histoire, à hauteur de 150 millions de francs pour l’assainissement des fenêtres à simple vitrage de 128 bâtiments.

 

Mobilité électrique

L’électromobilité se répand rapidement chez les particuliers, et à cet égard, depuis 2018, l’offre de bornes de recharge dans la commune de Lugano a été considérablement augmentée. Dans le cas des véhicules communaux et des transports publics (à part le train, bien sûr !), l’utilisation de la mobilité électrique est limitée pour le moment. Mais là aussi la tendance est clairement en faveur de l’électrification. De plus en plus de modèles de véhicules électriques aux performances intéressantes sont disponibles à des coûts raisonnables, et un grand projet de construction d’un nouveau réseau régional de tramways est en cours de développement.

Sion voit de nombreux avantages dans l’électromobilité:  Réduction de la pollution, réduction du bruit. La ville y observe donc un intérêt certain à pousser son développement. Les véhicules de l’administration, des travaux publics et des autres services sont remplacés par des véhicules électriques lorsque cela est possible. La ville est active dans le domaine des bornes de recharges. Elle procède à leurs installations dans les différents parkings afin de permettre aux privés de recharger leurs véhicules.

Concernant ses véhicules et engins, la Ville de Genève s’est fixé comme objectif, d’ici 2030, de disposer d’un parc à 50% électrique (14% actuellement). Cette transition vers les motorisations électriques s’effectue au fur et à mesure de l’arrivée sur le marché de véhicules et engins sur l’ensemble des catégories. D’autre part, la municipalité rationalise le parc de véhicules et en réduit le nombre, la taille et l’impact CO2 en remplaçant par exemple une petite voiture de service par un vélo-cargo. En parallèle, la Ville mène un projet d’étude pour monitorer les émissions de CO2 du parc de véhicules et engins en prenant toutes les phases du cycle de vie, de la production à la fin de vie du véhicule.

Propos recueillis auprès des villes par Fabien Lüthi, communication OFEN
Image: Eveline Meier-Guillod, Bundesamt für Energie