Certes la COP22, qui vient de se terminer à Marrakech, a permis de gagner deux ans sur l’agenda initial pour appliquer l’Accord de Paris. Mais le processus n’en reste pas moins trop lent et toujours inadéquat pour contrer les effets prévisibles du changement climatique. La planète ne pourra pas s’en sortir avec un seul catalogue de mesures palliatives visant à réduire les émissions de CO2.
Les impacts dramatiques du changement climatique demandent davantage que cet emplâtre: une approche systémique qui repense nos logiques socio-économiques. A la quête du profit individuel, de la productivité à tout prix et de la croissance illimitée, nous devrons tôt ou tard substituer le bien-être collectif, la régénération des ressources et la durabilité du système. Cela passe par un changement de paradigme dans le fonctionnement de nos sociétés modernes.
Remplacer la surexploitation des ressources par l’économie du bien commun, la production industrielle classique par l’écologie industrielle, la propriété par l’économie du partage, le design bon marché et l’obsolescence programmée par l’éco-design… sont autant d’options qui tendent vers un monde plus durable. Elles se manifestent par des myriades d’initiatives et de microprojets à travers le monde. Ceux-ci relèvent d’une prise de conscience qui va bien au-delà des programmes de la COP21 et des politiques climatiques des Etats: ils consacrent l’économie dite symbiotique, qui replace l’humain au centre de la nature et non au-dessus.
Mais pour que les nouveaux modèles socio-économiques esquissés puissent émerger à large échelle, il faut un catalyseur. Un cadre politique robuste capable de les faire croître et de les multiplier. Le salut viendra peut-être du Commonwealth. Cette organisation intergouvernementale représente près d’un tiers de la population mondiale et un quart des pays du globe. Elle inclut un nombre important de micros Etats insulaires du Pacifique et des Caraïbes, qui auront été engloutis par la montée des eaux d’ici à la fin du siècle. D’où l’urgence d’agir plus vite que le processus COP.
La secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, a réuni fin octobre un groupe d’experts dont j’ai eu le privilège de faire partie pour élaborer un programme d’action visant à «inverser le changement climatique en régénérant la planète». Il ne s’agit plus seulement de limiter notre impact négatif sur l’environnement, mais de restaurer ce que nous avons détruit depuis la révolution industrielle. Ce programme vise à insuffler de la durabilité au cœur même de nos logiques économiques, permettant aux solutions réellement durables de s’imposer d’elles-mêmes.
Ambitieux mais réaliste si l’on sait que le Commonwealth est à l’origine de l’inscription du 1,5°C dans l’accord de la COP21 de Paris.
François Vuille, directeur du développement au Centre de l’énergie de l’EPFL
Image: ©Alain Herzog/EPFL
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