Lorsque les premiers rapports scientifiques attestant du réchauffement de la planète et qui pointaient du doigt les émissions de dioxyde de carbone ont été publiés, la communauté scientifique s’est montrée sceptique. La vaste majorité des scientifiques n’a pas cru à ces résultats préliminaires. Mais ils ont vite réalisé que si ces conclusions alarmantes étaient vraies, les conséquences pour la planète seraient majeures. Nombre de climatologues peuvent encore témoigner des débats houleux qui ont agité la communauté scientifique dans laquelle 98% des chercheurs ont fait valoir, avec force détails, des erreurs possibles de cette hypothèse de changement climatique. C’était, il y a plus de 30 ans.
Toutefois, compte tenu des enjeux de ces révélations, les scientifiques se sont intéressés de plus près à la chose. Ils ont conçu des expériences afin de recueillir suffisamment de preuves leur permettant d’enterrer définitivement l’hypothèse du changement climatique. Surprise! En mesurant la taille des glaciers à travers le monde et en reconstruisant leur évolution au fil des siècles, ils ont constaté que presque tous se rétractaient. D’autres chercheurs ont mesuré le niveau des mers et étudié les données historiques des marées. Ils ont constaté que les eaux montaient, se réchauffaient et s’acidifiaient. A mesure de la publication, de la reproduction et de la confirmation par d’autres scientifiques de ces résultats, l’opinion a commencé à changer. A chaque nouvelle expérience, le doute diminuait, le message se confirmait: notre planète se réchauffe, le changement climatique est bien réel.
Bien sûr, les scientifiques ont aussi cherché à savoir si la combustion des produits fossiles (essence, mazout, charbon, gaz naturel) était en cause. Rebelote, les opinions se sont retournées quand certains scientifiques ont montré que la concentration en oxygène dans l’atmosphère était à la baisse. Brûler des combustibles fossiles consomme de l’oxygène, tout comme brûler du bois dans sa cheminée. Par conséquent, si les combustibles fossiles sont responsables de l’augmentation de la quantité de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, nous devrions constater en conséquence une diminution de la quantité d’oxygène dans l’air. C’est précisément ce que les mesures ont montré.
Que 98% des climatologues et des scientifiques de tous bords croient aujourd’hui à la réalité du changement climatique et à son origine humaine est le résultat d’un long débat entre chercheurs du monde entier. Ce débat a entraîné de nombreuses études, menées par les deux parties, sceptiques et convaincus. Comme les faits ne sont pas démocratiques, peu à peu, un consensus a été atteint. A 98%.
Notre terre et son climat répondent à des mécanismes très complexes. Même les moins sceptiques des scientifiques admettront qu’ils ignorent la vérité absolue et ne comprennent pas tout. Les médecins non plus n’expliquent pas tout le corps humain. Si vous ressentez une violente douleur dans la poitrine supérieure gauche, à moins d’être médecin, vous en consulterez un. Supposons que le diagnostic est inquiétant. Vous cherchez une seconde opinion, vous voulez être sûr, à 100%. Mais les médecins, comme les scientifiques dans le cas du changement climatique, ne sont pas tous d’accord entre eux. Sur les 100 médecins que vous irez consulter, 98 vous diagnostiqueront un problème grave; deux seront sceptiques et se montreront rassurants. Si 98% des praticiens vous recommandent d’adopter un mode de vie plus sain pour éviter le pire, que ferez-vous? Et si 98% des scientifiques attestent que les humains sont responsables du changement climatique, qui croirez-vous?
Prof. Berend Smit, directeur du Centre de l’énergie de l’EPFL
P-S: Cette tribune est aussi parue dans le journal Le Temps le 10 novembre 2015
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